Face aux efforts de Trump pour obtenir une capitulation totale du Mexique dans la renégociation de l’ALÉNA
Le climat dans lequel le gouvernement mexicain a accepté d’approfondir les négociations sur le renouvellement de l’ALÉNA est inacceptable. À chaque fois, le président des États-Unis brise les relations diplomatiques fondées sur le respect mutuel et la compréhension entre les nations, les relations de bon voisinage. Aujourd’hui, l’unité nationale ne tourne pas autour du président mexicain, mais se concentre plutôt sur la souveraineté, la démocratie, la primauté du droit, la défense des migrants, auxquels des changements significatifs sont apportés. Nous demeurons résolument contre le mur et la militarisation de la frontière.
Nous exprimons, le plus fortement possible, notre rejet des menaces constantes, des insultes et du chantage utilisés par Donald Trump contre les Mexicaines et les Mexicains, qui proviennent non seulement de ses objectifs électoraux à l’approche des prochaines élections de mi-mandat au Congrès américain, mais aussi en vue d’obtenir à tout prix des concessions majeures lors des négociations de l’ALÉNA.
Le gouvernement mexicain actuel n’est pas représentatif de la population mexicaine (il a un taux de rejet de 70-80 %) et ne peut pas négocier en notre nom, particulièrement au moment où il sera bientôt en dehors du pouvoir.
Les discours nationalistes ne suffisent pas et nous avons besoin d’actions. À la suite des récentes prises de position nationalistes de Pena Nieto, le ministre des Affaires étrangères du Mexique et le secrétaire au Commerce ont répondu à l’appel de Trump en vue de conclure un accord politique accéléré sur l’ALÉNA, ce qui pourrait être annoncé lors du Sommet des Amériques, qui se tiendra les 13 et 14 avril à Lima, au Pérou.
Il ny a pas eu de progressions avec l’accélération des négociations, mais les fonctionnaires mexicains étaient disposés à négocier à partir des propositions de Trump, comme si c’était normal. Pendant ce temps, des pressions se poursuivent pour stopper le chemin de croix des personnes migrantes et pour obtenir des renseignements sur les populations migrantes d’Amérique centrale qui traversent le Mexique. En d’autres mots, n’importe quoi pour apaiser Trump. Un facteur alarmant dans tout cela est que nous ne connaissons pas le contenu réel de ces négociations.
En fin de compte, Trump n’est pas allé au Sommet de Lima, mais la question demeure : à quelles conditions voudrions-nous un accord (de principe) sur l’ALÉNA en mai ?
Une fois de plus, la question des salaires est sur la table et le gouvernement mexicain résiste au changement. Ce serait une bonne chose s’il y avait un accord pour augmenter les salaires, mais ce ne serait pas suffisant pour faire accepter les autres éléments des négociations de l’ALÉNA. En outre, il a seulement été question d’une augmentation salariale dans le secteur automobile mondialisé qui ne représentait en 2015 que 0,77 % de l’emploi total au Mexique.
Jusqu’à ce que cessent les menaces et les hostilités contre notre pays, nous demandons la suspension immédiate des négociations de l’ALÉNA. La Coalition des organisations sociales et citoyennes Mexique mieux sans ALE considère qu’il n’est pas possible d’arriver à un accord commercial qui bénéficiera aux peuples de l’Amérique du Nord sur la base des gouvernements actuels en place aux États-Unis et au Mexique.
Plusieurs des propositions provenant du géant nord-américain sont politiquement, économiquement et socialement inacceptables et ne serviront qu’à aggraver l’ALÉNA. Les négociations devraient être suspendues jusqu’à ce que de nouvelles conditions et une nouvelle collaboration des efforts en vue de conclure un accord basé sur la coopération économique et la complémentarité.
Malgré le secret entourant ces négociations, il est clair que le gouvernement mexicain a cédé aux pires exigences de Trump. Il n’a même pas respecté les lignes « rouges », limites proposées par la poignée d’entreprises mexicaines bénéficiaires de l’ALÉNA qui participent à ces négociations. Tout porte à croire que des concessions importantes ont été faites dans des domaines significatifs, ce qui est très négatif pour notre pays.
Par exemple, l’allongement de la protection des brevets pour les médicaments et l’approfondissement d’autres aspects de la propriété intellectuelle sont des atteintes à notre vie privée et nos droits numériques.
La biodiversité risque d’être compromise et des concessions sont faites sur les règles d’origine, toutes en réponse aux demandes de Trump. Peu d’efforts ont été faits pour revoir la stratégie militariste qui a échoué sur le trafic de drogue ni pour accroître un contrôle efficace sur les armes qui traversent la frontière en provenance des États-Unis, qui ont causé des milliers de morts au Mexique.
Le seul domaine sur lequel le Gouvernement mexicain maintient une position ferme est son refus d’accepter une augmentation de salaire. La proposition d’augmenter les salaires dans l’automobile est connue et peut constituer un progrès malgré les limites du secteur, étant donné quil n’emploie que 397 819 personnes sur un total de 51 568 519 d’emplois au Mexique en 2015. Une autre fuite des discussions porte sur une proposition pour augmenter les salaires limitée à une zone particulière du pays, une zone économique spéciale, mais même cette suggestion rencontre de la résistance de la part du gouvernement mexicain.
Nous ne pouvons pas accepter une accélération du rythme des négociations menées derrière le dos des gens, juste pour protéger les privilèges du gouvernement mexicain actuel et de ses alliés commerciaux, confrontés à la probabilité de perdre le pouvoir lors des prochaines élections.
Nous privilégions une approche authentique de coopération et de complémentarité internationales conduisant à un niveau de développement durable, capable de lutter contre les inégalités et les asymétries qui existent entre tous nos peuples.
Nous insistons également pour avoir un niveau d’intégration fondé sur le respect des droits de l’homme et ne se limitant pas aux bénéfices des grandes sociétés transnationales. Nous appelons toutes les forces politiques et sociales à défendre notre souveraineté nationale, la démocratie et la primauté du droit, ainsi que le respect illimité de notre pays, en condamnant la menace de l’emploi de la force par Trump dans les relations internationales, et tout en affirmant la nécessité de règlement pacifique des différends.
Parallèlement au Sommet des Amériques à Lima, les organisations sociales du continent ont tenu le Sommet des peuples du 10 au 14 avril. Là, nous avons renforcé notre détermination commune à combattre la nouvelle vague d’Accords de libre-échange « modernisés » tout en défendant le droit des migrants à l’asile pour toutes celles et tous ceux qui fuient la violence et le manque d’opportunités dans nos pays.
Pour l’intégration par les peuples et pour le peuples !
Coalition des organisations sociales et citoyennes Un Mexique meilleur sans ALÉ
Le 11 avril 2018
Traduction libre par le RQIC à partir de la version anglaise