Le gouvernement Macri empêche une journaliste britanno canadienne et un membre d’ATTAC Norvège d’entrer en Argentine

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Buenos Aires le 12 décembre 2017 - photo RQIC

Ouverture de la Ministérielle de l’OMC à Buenos Aires ce dimanche 10 décembre

Alors que la réunion des délégations ministérielles à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) s’ouvre aujourd’hui à Buenos Aires, une journaliste britanno canadienne et un membre d’ATTAC Norvège ont été bloqués à l’aéroport avant d’entrer en Argentine. Tous deux avaient été accrédités par l’OMC, puis démis de leur accréditation par l’Argentine, à l’instar de 64 autres personnes fin novembre. La plupart sont associées avec l’organisme Our World is not for sale (OWINFS).

Sally Burch, militante britannique et journaliste de l’Agence d’information latino-américaine, qui détient aussi un passeport canadien, a déclaré qu’elle pensait pouvoir entrer dans le pays en tant que touriste, avec la révocation de son accréditation: « Ils ont trouvé mon nom sur une liste et ont commencé à poser des questions … supposément, j’étais une fausse touriste ». Quant à Petter Titland, porte-parole de l’ONG norvégienne Attac Norge, il a indiqué que l’Argentine lui avait déjà enlevé son accréditation de l’OMC, mais que les autorités lui avaient refusé l’entrée « sans même expliquer pourquoi ».

L’événement est l’occasion de rendez-vous de nombreux groupes et mouvements sociaux en provenance d’un peu partout sur la planète. L’événement qui est suivi notamment par le réseau international OWINFS, est aussi l’objet d’un Sommet des peuples contre l’OMC. Tout en se solidarisant avec les groupes sociaux qui s’inscrivent dans la réunion de l’OMC, le RQIC suivra les activités de ce sommet, qui sera aussi l’occasion d’importantes réunions internationales.

Ainsi, en amont du Sommet, s’est tenu des rencontres réseaux sur les accords de libre-échange qui ont permis de faire le point sur les développements concernant le Partenariat transpacifique, l’Accord économique et commercial général entre l’Union européenne et le Canada, tout autant que de l’Accord de libre-échange nord-américain. D’ailleurs, le panel sur l’ALÉNA était composé des personnes représentantes des mouvements sociaux du Mexique et des États-Unis, alors que le RQIC représentait le Québec tout autant que la coordination canadienne.

Également, une rencontre de réseaux sociaux latino-américains a eu lieu pour poursuivre un débat amorcé au Forum social mondial en 2016 sur l’offensive qu’ils subissent depuis quelques années dans chacun de leur pays. Au cœur de ces discussions se trouve l’idée de relancer les mobilisations de mouvements, en tenant compte des nouvelles réalités des politiques néolibérales et des nouvelles initiatives soutenues par la droite qui reprend pied dans certains pays.

Parmi ces initiatives, on retrouve le projet d’accord commercial entre le Mercosur et l’Union européenne, comme levier pour accroître la libéralisation et la dérèglementation des protections sociales. Aussi, en Argentine comme au Mexique, de nouvelles réformes du Code du travail sont avancées par les partis de droite qui sont maintenant au pouvoir. À suivre.

Déclaration de Sally Burch après son expulsion

Sally Burch (commons.wikimedia.org)

J’ai participé à de nombreuses réunions de l’ONU au fil des ans, soit en tant que journaliste ou activiste des droits au plan de la communication, toujours avec une perspective constructive. Je n’ai jamais exprimé d’attitudes perturbatrices, encore moins préconisé la violence. Par conséquent, la seule explication que je puisse trouver pour mon expulsion d’Argentine est que le gouvernement trouve mes opinions et analyses « perturbatrices », pour utiliser le terme employé par un membre du ministère des Affaires étrangères, de son agenda néolibéral et pro-entreprise.

Certaines de ces idées sont les suivantes :

  • Les enjeux de grande importance pour l’humanité, qui ont des conséquences sur les droits d’humains, le développement, la liberté d’expression ou l’environnement, ne devraient pas être décidés à huis clos, entre grands gouvernements et grandes entreprises, sans participation de la société civile ni processus démocratique, comme cela se produit souvent à l’OMC.
  • Les propositions présentées pour les négociations sur le commerce électronique à l’OMC servent les intérêts des grandes sociétés transnationales sur Internet, et non ceux des peuples ou des pays en développement.
  • Les propositions de « libre circulation des données » signifient que les données personnelles de tout le monde deviennent une marchandise à exploiter par ces grandes entreprises, sans bénéfice personnel et sans droit à la vie privée.
  • Le modèle actuel d’Internet et d’intelligence artificielle, concentré entre les mains des grandes entreprises, va à l’encontre de l’intérêt public et présente de sérieuses menaces pour la démocratie. Les négociations sur le commerce électronique, telles que présentées, renforcent ce modèle.

En tout cas, s’il est vrai que ce sont là les raisons de mon exclusion, c’est très grave de m’empêcher de participer sur la base de mes opinions, et c’est d’autant plus grave pour l’OMC s’ils l’admettent.

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